Vous pouvez également faire une recherche par mot clé. Une fois le texte entré dans le champ, tapez le bouton "Enter" de votre clavier.

L'intégrité peut coûter cher!

Je suis facteur. Ou plutôt j’étais facteur jusqu’à mon licenciement le 31 mars 2010. J’ai cru à un poisson d’avril. Mais non. La Poste suisse avait définitivement mis un terme à nos rapports de travail. Que s’est-il donc passé?

EmmanuelEn 2002, je recevais mon CFC d’employé postal après deux ans d’apprentissage. Or le facteur est aussi chargé de la distribution des tous ménages en plus du courrier habituel. Assez rapidement, j’ai été confronté à un tous ménages qui ne me plaisait pas, celui du dépliant d’un commerce spécialisé dans la vente de dessous érotiques, d’objets sexuels et de films pornographiques.

Je suis né dans une famille chrétienne, où la Bible était acceptée dans sa totalité comme étant la parole de Dieu infaillible, qui nous donnait les principes à appliquer dans tous les domaines de la vie. Cette conviction est devenue mienne à l’âge de dix-sept ans. Je voyais bien comment mon père vivait sa foi en Jésus. Il n’y avait rien de mécanique. C’était réel.

Lorsque, pour la première fois, j’ai eu affaire à cette publicité immorale, j’ai immédiatement avisé mon supérieur du problème que cela posait à ma conscience devant Christ. Il a été très compréhensif et a décidé de remédier à cette situation de la manière suivante: comme les tous ménages faisaient partie de notre quotidien, j’effectuerai la tournée de distribution d’un collègue avec une publicité normale pendant que ce dernier se chargera de la mienne avec la publicité indécente. Le lendemain, il retournera sur sa tournée chargé de la publicité indécente pendant que je m’occuperai d’une publicité normale sur la mienne. Affaire réglée.

Par la suite, j’ai été confronté à ce genre de prospectus à raison d’une ou deux fois par an. Pas assez fréquent pour réviser l’arrangement. Puis elles ont commencé à se multiplier alors que notre cahier des charges devenait toujours plus exigeant. Je pressentais que de nouveaux refus aggraveraient les choses et qu’un temps d’épreuve pointait à l’horizon. Mes collègues savaient que j’étais chrétien convaincu et leurs questions prenaient un ton de reproche. Quand je tentais d’expliquer ma position, je voyais bien que je ne faisais pas l’unanimité! J’allais devoir faire un choix: capituler devant le risque de perdre mon emploi ou faire confiance au Seigneur et aller jusqu’au bout.

En janvier 2009, nous avons eu une énième publicité érotique. Ce jour-là, mon objection est parvenue plus haut et j’ai de suite été convoqué. J’ai expliqué que je croyais en Jésus-Christ comme mon Seigneur et mon Sauveur et qu’il m’était impossible de concilier cette vérité tout en incitant mes clients à la débauche. Il m’a été suggéré de désactiver le bouton «chrétien» dès lors que je franchissais le seuil de La Poste, tel un caméléon qui change de couleur selon le milieu. J’ai alors pris l’initiative de raconter l’histoire des compagnons de Daniel dans la fournaise ardente en ajoutant que, de la même manière, je ne distribuerai pas de tels imprimés et que Dieu avait le pouvoir de m’ouvrir une porte ailleurs. Conscient de la situation indélicate, une convention de départ m’a été proposée. Il s’agit d’un accord entre les deux parties qui stipule que je ne suis plus en adéquation avec l’entreprise et que nous avons convenu qu’il était préférable de mettre un terme à notre collaboration. J’ai acquiescé tout en demandant un temps de réflexion. Le même jour, il est revenu me dire qu’il m’était avantageux de démissionner. Eprouvé, je suis rentré à la maison en pleurant.

Le salut est dans le grand nombre des conseillers, nous dit la Bible. J’ai cherché conseil auprès de ma femme, de ma famille, puis nous avons remis le tout dans la prière. Tout au long de la semaine, j’ai eu la conviction qu’il fallait que je cesse de me défendre et que j’attaque. Voici plusieurs paroles qui m’ont encouragé dans ce sens:

«C’est assez, en effet, d’avoir dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans le dérèglement, les convoitises, l’ivrognerie, les orgies, et les idolâtries criminelles. Aussi trouvent-ils étrange que vous ne vous précipitiez pas avec eux dans le même débordement de débauche, et ils vous calomnient. Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.» (1 Pierre 4:3-5)

  • «Ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les.» (Ephésiens 5:11)
  • «Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. C’est à eux de revenir à toi, mais ce n’est pas à toi de retourner vers eux.» (Jérémie 15:19)

J’ai alors précisé que je ne souhaitais pas quitter mon emploi, mais que je refusais tout simplement de faire de l’incitation à la débauche et que la balle était dans leur camp. Les mois suivants, j’ai été souvent convoqué pour discuter de cette affaire avec différents responsables de La Poste. Il serait trop long de citer tout ce qui a été dit; leurs arguments allaient de la distinction entre érotisme et pornographie, à l’hypocrisie de celui qui laisse les autres se salir. «Que celui qui veut se souiller se souille encore», ai-je répondu.

La Poste a finalement décidé de me licencier pour «faute grave» en novembre 2009 avec effet au 31 mars 2010. C’était un choc, puisque ma femme était enceinte. Chrétienne convaincue, elle n’a jamais été impressionnée par cette décision. Cette unité en Christ au sein du couple est importante, car la corde à trois fils ne se rompt pas facilement (Ecclésiaste 4:12). Ce verset est gravé sur nos alliances. Nous avons eu un grand soutien dans la prière de la part de notre assemblée et de nombreuses occasions de rendre compte de notre espérance en Jésus-Christ. En revanche, j’ai été attristé par la réaction de certains chrétiens. Parmi eux, l’un a suggéré que j’aurais très bien pu distribuer ces tous ménages et prier ensuite que ces personnes ne soient guère influencées par son contenu… Ce qui me chagrine dans ces réactions, c’est qu’elles démontrent que les chrétiens aujourd’hui sont peu enclins à se battre pour la vérité et certainement pas prêts à se charger de leur croix. Pourtant, l’histoire est jalonnée de récits d’hommes qui ont préféré subir la torture et la mort plutôt que de renier la vérité.

Certes, ce n’est pas un moment facile à vivre et je me demande souvent ce qu’il en sera de mon prochain emploi. Jusqu’à aujourd’hui, les annonces pour lesquelles j’ai proposé ma candidature étaient peu motivantes. Néanmoins, la certitude que Jésus est le Seigneur ressuscité qui entend nos prières est une grande source de paix. Lorsque j’angoissais par rapport à mes recherches infructueuses, la Bible m’a encouragé: «Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance, et il agira.» (Psaume 37:5) Et, quand je me posais des questions au sujet de notre budget, c’est encore elle qui m’a réconforté: «Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent; contentez-vous de ce que vous avez; car Dieu lui-même a dit: Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point.» (Hébreux 13:5)

Emmanuel

dossiers-chaback-titre
Dossiers Chaback : Dieu en action
Dossiers Chaback : eglise
Dossiers Chaback : Famille et relations
Dossiers Chaback : Faits de société
Dossiers Chaback : Médias
Dossiers Chaback : Musique