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Gothisme

Faut il avoir peur des goths?
S’agit-il de cet ancien peuple médiéval d’origine germanique? Non! Nous parlons de cette nouvelle espèce juvénile au teint blafard et aux yeux fardés de noir, qui cultive une esthétique démoniaque et qui effraie Monsieur Tout-le-monde avec ses piercings et ses airs sinistres version Dracula!

Aujourd’hui nous parlons de nouveau beaucoup de ce mouvement dans les médias, surtout depuis la fusillade du lycée Columbine à Littleton, aux Etats-Unis, en avril 1999, et de plusieurs profanations de cimetières en France. Plusieurs amalgames sont faits; tout d’abord entre les cultures metal et gothique, avec des groupes comme Marilyn Manson ou Rammstein, et ensuite entre gothisme, metal, satanisme et nazisme. Il y a de toute façon de quoi s’alarmer de ces extrêmes qui touchent et influencent une bonne partie des jeunes d’aujourd’hui et qui ont pour origine le séducteur et le père du mensonge.

Petit historique
Le mouvement gothique est apparu vers la fin des années soixante-dix en Angleterre; il s’est répandu principalement en Europe, et également dans le monde entier, prenant des formes parfois différentes. Cette sous-culture issue du mouvement punk, s’inspirant du cinéma expressionniste allemand, du fantastique et du roman gothique, se caractérise par une esthétique sombre, macabre, souvent provocatrice. Ce mouvement est en fait une résurgence des romantiques apparus au XVIIIe siècle.
Après l’explosion du mouvement punk entre 1976 et 1977 sont apparus, aux Royaume-Uni, une multitude de groupes de musique fortement influencés par ce courant, mêlant des effets très divers et poussant leurs expérimentations musicales dans de nouvelles directions. A l’époque, on les qualifiait de post-punk.
Au sein de cette nouvelle mouvance, certains groupes ont adopté un style, un look et des thèmes qui, plus tard, ont été désignés de gothiques à cause de leur noirceur et de leur théâtralité. Parmi ces groupes, nous retrouvons Bauhaus, Siouxsie and the Banshees, Joy Division, Uk Decay ou Virgin Prunes. Leur public est conquis et va bientôt adopter lui-même leur style! On ne parle pas encore de gothique, bien que ce terme ait déjà été employé par des journalistes pour qualifier la musique de certains (Joy Division, Siouxsie and the Banshees).
Entre 1980 et 1981, une seconde vague commence à arriver, avec des groupes comme Danse Society, Play Dead, Southern Death Cult, The Sisters of Mercy et The Cure, qui abandonnent le son new wave des débuts pour quelque chose de plus sombre et de plus sinistre. C’est vers la même période qu’apparaît, en Californie, une scène death rock, pendant américain du rock gothique britannique. En tête de file de ce courant, le groupe Christian Death.
L’ouverture, en 1982, du club londonien The Batcave marque une nouvelle étape pour le courant gothique; les médias et le grand public s’y intéressent et cela apporte une plus grande ouverture au mouvement alors encore marginal. Après avoir été d’abord appliqué au style musical, puis aux groupes qui le jouaient, le terme gothique a fini par être donné aux fans de ces groupes, ainsi qu’à la sous-culture qu’ils représentent. On finit par laisser tomber les termes new wave, batcave, curiste (fan de The Cure) et corbeaux, qui étaient alors les plus employés pour désigner les adeptes de ce courant. C’est à la fin de 1983 que le gothisme a fini par avoir sa propre existence. Il est devenu indépendant du mouvement punk, dont on le considérait comme un dérivé dans les années précédentes.
Après des hauts et des bas, un renouveau venu d’Allemagne en 1990 (la darkwave), des rapprochements et des mélanges avec les scènes de musique électroniques, industrielles et metal, le mouvement gothique a finalement trouvé sa culture et son univers propres en y assimilant aussi différentes formes artistiques et culturelles: littérature, peinture, photographie, arts plastiques, etc. Il restera tout de même un mouvement marginal, très influencé par le romantisme noir et la mort.

Influences
Un élément a été prépondérant dans l’influence auprès des ados dans les années quatre-vingt-dix: les jeux de rôle! Comme ces derniers évoluent principalement dans des univers heroic fantasy, le gothisme en a profité et a massivement investi les thématiques sombres contemporaines de ces jeux avec la parution de Vampire: la mascarade, qui fait évoluer ses héros dans un univers défini comme gothique punk (la première édition des règles était du reste émaillée de citations de groupes comme Killing Joke ou The Sisters of Mercy). Une version grandeur nature de Vampire, la Camarilla a fini par rendre tout cet univers plus réel pour les jeunes, bons clients de sensations fortes!
Une polémique et un amalgame entre nazisme, satanisme et gothisme sont actuellement véhiculés par les médias – pas toujours bien informés et surtout en quête de scoops et de sensationnel!
Même si le mouvement gothique est, d’une façon générale, apolitique, il est clair que nous y trouvons, du fait de leur rébellion envers les systèmes établis, des groupes aussi bien d’extrême droite – avec la provoc et les symboles utilisés (Marilyn Manson, Laibach, Rozz Williams) – que d’extrême gauche – avec ses racines punk favorisant une idéologie anarchiste et des groupes ayant un discours politique engagé (Project, Pitchfork, New Model Army, Skinny Puppy, etc.). C’est aussi par ses liens avec la scène industrielle, très politisée dans de multiples tendances (certains de ces groupes considèrent la musique comme un moyen politique à part entière), que le gothisme véhicule des influences politiques bien réelles.
Dans le domaine du religieux, s’il n’est pas rare de rencontrer des gothiques se réclamant d’une confession religieuse (même chrétienne…), le côté hors norme du milieu fait que beaucoup ont une attitude critique vis-à-vis des religions établies, se disant plutôt agnostiques ou athées. Il est cependant intéressant de constater qu’il y a un détournement évident de symboles religieux, judéo-chrétiens en particulier (crucifix, soutane, étoile de David, etc.). Les gothiques l’expliquent plutôt comme étant une critique de ces religions!...
Nous pouvons également noter qu’une bonne partie des gothiques (à ce sujet, voir leurs sites!) se passionnent pour l’ésotérisme, les croyances des religions païennes anciennes et l’occultisme. Il est donc plutôt commun de rencontrer chez eux des croyances bien spécifiques comme le paganisme et la wicca.
Le mouvement gothique dans son ensemble ne saurait être assimilé au satanisme, bien que le détournement de certains symboles puissent favoriser l’amalgame – «Ces influences que l’on peut rattacher à l’usage du symbolisme religieux, mystique ou ésotérique, dans des symboles portés parfois par provocation plus que par croyance, dans leur sens premier ou occulte: croix (très souvent portée à l’envers), pentagramme, marteau de Thor… sont attribuées aux influences metal!» Néanmoins certains gothiques se réclament clairement du satanisme.
Leurs liens et leurs affinités avec les ambiances noires font que les gothiques sont plutôt influencés par des musiques et des paroles qui favorisent le nihilisme, la mélancolie, le suicide et la mort. Nous y trouvons aussi des incitations directes à se tourner vers le satanisme, au travers de leurs liens avec le metal (death et black): Marilyn Manson, Nine Inch Nails, Venom, Slayer, pour ne citer que les plus connus! C’est déjà très inquiétant… mais le pire est à venir!
Avez-vous déjà entendu parler du black metal scandinave? Non!? Eh bien accrochez vos ceintures!
On avait juste effleuré le sujet avec notre article «Lordi… chrétiens?» (N° 123 – août 2006), mais je viens de recevoir de nouvelles infos qui sont plus qu’inquiétantes sur ce courant! (Nous allons développer tout ce sujet dans un prochain numéro de votre journal favori, aussi abonnez-vous, qu’ils disaient!).
Voici ce que l’un de ces groupes scandinaves, Burzum, proclame: «Que le massacre commence/Décapitez les chrétiens/Violez leurs femmes et leurs enfants/Leurs tombes doivent être profanées.»
Pour conclure notre enquête sur le gothisme, il est clair que ce mouvement est tellement varié et diversifié actuellement qu’il est impossible de le situer… et de le mettre dans une petite boîte! Mais une chose est claire, celle que «noir, c’est noir», comme le chantait Johnny Hallyday à l’époque.

«Que personne ne vous séduise par de vains discours; car c’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion. N’ayez donc aucune part avec eux. Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité.» (Ephésiens 5: 6-9)
Alain Kreis

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