Interview d’Alain Auderset et de Sandra par Gaël Letare
Pour rencontrer Alain, il faut se rendre à Saint-Imier, petite ville du Jura bernois qui ressemble à s’y méprendre aux paysages de sa dernière bédé en date, Les indécrotables questions de Willy Grunch. C’est là, dans son atelier installé dans une ancienne église, qui est aussi sa maison, qu’Alain me reçoit.
Dès sa parution en novembre 2008, ce livre de Magali Jenny (Editions Favre) sur les guérisseurs, rebouteux et faiseurs de secret en Suisse romande a fait fureur; en moins d’une année, on en est déjà à la cinquième édition, avec plus de trente mille exemplaires vendus. Cet engouement est à la mesure de la recrudescence de ces pratiques, de leur popularité chez un très large public et des inévitables questions sans réponse qu’elles soulèvent. Il faut dire d’emblée que ce livre est fondé sur une recherche effectuée pour un travail de licence en anthropologie sociale et culturelle; nous aurions donc pu nous attendre à en apprendre davantage non seulement sur les pratiques elles-mêmes, mais sur leurs origines, leurs fonctionnements, leurs taux de réussite et leurs éventuels effets secondaires. Or il n’en est rien, et je dois dire que, sur ce plan (le sérieux et l’objectivité d’un travail universitaire), j’ai été très déçue.
L’auteur, Joanne Rowling, est une jeune mère célibataire du pays de Galles, tout ce qu’il y a de plus ordinaire et anonyme; elle se déclarera très surprise par son succès foudroyant. Aujourd’hui (déc. 2001), avec son quatrième tome et des traductions dans 46 langues, elle a vendu 100 millions de livres dans 200 pays. Inutile de dire qu’elle a passé de la misère à une fortune colossale. Elle déclare avoir «reçu» la trame de l’histoire et le personnage en une fois, alors qu’elle attendait un train retardé. Elle a travaillé ensuite plusieurs années sur le développement du récit et sa structure en sept tomes, avant de sortir le premier livre en 1997. Elle pense être vraiment conduite dans ceci et ressent le besoin de sortir cette histoire d’elle-même.
Voilà un bien étrange phénomène. Vingt millions d’exemplaires vendus de par le monde en dix-huit mois, pour le premier ouvrage d’un auteur inconnu. Et plus encore dans la catégorie jeunesse. Pourquoi un tel succès? Quelles différences avec d’autres ouvrages? Quel est le secret?
De l’enfance à… la pornographie!
Je suis né en 1965 dans une famille catholique pratiquante. Nous vivions en France, dans une ville des Deux-Sèvres. Mon enfance s’est déroulée sans problème majeur. J’étais un garçon joueur et bricoleur. Un jour, en cherchant dans les placards de l’atelier, j’ai trouvé un magazine sur lequel se trouvait une fille dénudée; cela m’a fasciné. C’est à partir de cette découverte que j’ai commencé à ne plus travailler à l’école. J’arrivais au collège, mais j’étais plus intéressé par les filles que par les cours. Voyant que j’étais devenu un cancre, mes parents ont décidé de me placer en apprentissage chez un artisan mécanicien. C’est là que j’ai rencontré les dures lois de ce monde et la pornographie. Dès que le patron était absent, les ouvriers du garage faisaient des remarques sur les photographies des photos de filles des magazines pornos qu’ils apportaient. Ils organisaient des combats entre les apprentis. Le perdant avait ses organes sexuels barbouillés de cambouis. Je me retrouvais donc régulièrement humilié.
Il nous était impossible, dans ce numéro, de ne pas parler d'Alain Auderset. auteur chrétien de BD bien connu en Suisse, il vient de terminer son deuxième album, Marcel. Alain nous raconte son parcours, ses peurs, ses combats et ses victoires dans l'univers impitoyable qu'est celui de la bande dessinée. Et ce n'est pas tout, au travers des lignes qui suivent tu découvriras également ses projets d'avenir ainsi que ses conseils face au choix d'albums proposés en librairie. Laissons-lui donc la place.
Lorsque je m’achète une Bande Dessinée, je regarde différentes choses pour voir si cet album correspond à mon attente et à mes critères moraux. Bien entendu, je l’ouvre et regarde l’album en général et me laisse impressionner par l’atmosphère globale, la mise en case, le graphisme, le genre de langage des bulles, mais mes goûts peuvent parfois me tromper. Par exemple, l’album From Hell (de l’enfer) chez Delcourt est très noir et laisse une première impression assez lourde, pourtant cette lourdeur est justement utilisée par les auteurs pour dénoncer les sociétés secrètes et les pouvoirs occultes. Comme quoi, nos impressions bien que très importantes nous trompent parfois. Voici donc les étapes à suivre pour pouvoir statuer plus objectivement avant l’achat d’un album.
Tendez l'oreille et ouvrez les yeux... où sont les médias ? Partout, de la table de notre petit déjeuner (les pubs sur les boîtes de céréales) aux dernières notes de musique entendues à la radio avant de fermer l’œil, des écrans de nos téléphones et ordinateurs aux affiches de nos rues... Ils se trouvent presque en tous lieux, et ils occupent beaucoup de notre temps, parfois trop...
!HERO est le titre d’une nouvelle BD qui vient de sortir outre-atlantique. Cette série de déjà 4 tomes se place tout à fait dans la lignée des comics américains «Marvels» (Spiderman, Daredevil, Hulk, Superman, Batman, X-men,…), d’où son actuel succès. Il s’agit d’une fiction futuriste des événements relatés dans l’évangile de Matthieu, croisés avec ceux que l’Apocalypse que Jean nous propose.
Pour moi, la BD, c'est comme aller au cinéma. Je me plonge dedans, m'identifie aux personnages, et suis vraiment dans un autre monde de la première à la dernière page. Un dépaysement qui ne coûte pas cher!
