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Rammstein - Feu ou flamme?

Tout le monde s’interroge… Seraient-ils du parti nazi ou utiliseraient-ils cette image pour promouvoir la paix dans le monde? Sont-ils méchants ou de doux agneaux? Certaines de leurs chansons sont-elles grotesques ou, au contraire, défendraient-elles les droits de l’homme? Rammstein ne fait pas dans la dentelle et affirme clairement ses  couleurs sur scène; une fois déguisés en ladies militaires américaines, une autre en fashion-nazi (style docs montantes noires et lacets blancs), ils aiment leur patrie, sont fiers d’avoir réussi à chanter en allemand dans le monde entier (mais n’ont pas pris la grosse tête) et nourrissent un certain cynisme envers les Américains. Mais sont-ils fascistes pour autant?

Issus de l’ex-Allemagne de l’Est, Christoph Doom Schneider (batterie), Flake Lorenz (clavier), Richard Z. Kruspe-Bernstein (guitare), Till Lindemann (vocal), Paul Landers (guitare) et Oliver Riedel (basse) ont fondé le groupe Rammstein en 1993. Sont déjà sorti cinq albums: Herzleid 1995, Sehnsucht 1997, Live aus Berlin 1999, Mutter 2001 et Reise, Reise 2004, dont sont issus vingt-deux singles. Progressant sur les grandes scènes, ces six musiciens nourris d’un succès grandissant se produisent de plus en plus souvent en Suisse, comme au Paléo cet été.

Certains disent que c’est de la progressive, d’autre du hard rock, voire même du rock… Les habitués de la musique disent qu’il s’agit de métal, le groupe lui-même préfère la qualifier de tanz-metal… Mais tous s’accordent, s’ils aiment, c’est de la musique qui «bouge», s’ils n’aiment pas, c’est du «bruit». Bref, c’est surtout les accros de la musique qui plombe qui s’intéressent à Rammstein. De plus en plus de fans et de fan-clubs dans le monde, un groupe qui cartonne dans son genre et pour cause, il a vraiment tout ce qu’il faut pour ce style de musique, la provoque, l’imagination et, excusez-moi de le dire, la haine dans les yeux. J’ai regardé les clips d’un homme aux yeux rouges qui se transforme en six chiens méchants qui s’apprêtent à violer une fille, de fourmis gentilles qui sont dévorées par une énorme fourmi violente, d’enfants maquillés et déguisés dans une cage au milieu de personnes qui s’amusent avec un serpent et par différents vices, ou encore de Blanche-Neige qui snife de la coque et meurt en se shootant à l’héroïne, etc. Bien sûr, il y a de temps en temps un clip sans violence, avec par exemple de superbes images des Jeux olympiques, mais ils sont rares… Par contre, force est de constater que ces clips sont tous d’un immense talent artistique et d’une incroyable imagination. De plus, ils sont de bons acteurs! Pour cela, je tire ma révérence à Rammstein sans hésiter; je crois cependant sincèrement qu’un peu moins de violence pour combattre la violence ne serait pas trop demander…

Le groupe a débuté sur une colère: tous les membres s’étaient fait larguer par leur copine. Aussi, se tenant les coudes, au lieu de sortir de leur haine, ils l’ont jouée et chantée. Et cela continue! Leurs textes sont crus, ils parlent de violence avec particulièrement beaucoup de haine…

Après avoir observé ceux qui écoutent Rammstein, avoir lu des articles, visionné un DVD du groupe (Lichtspielhaus), je pense que le succès est dû à l’imagination du groupe, à sa qualité cinématographique, pyrotechnique et musicale, et au fait que pratiquement aucun des fans francophones ne fait attention aux paroles qui se chantent, ni à la haine qui se véhiculent par ces dernières. Il est important de souligner que j’ai constaté que Rammstein n’était pas un groupe fasciste, ni extrémiste (même si beaucoup de ceux qui écoutent leur musique le sont) et que, malgré le fait qu’ils parlent de pornographie enfantine ou de sexualité avec les animaux, je crois sincèrement leurs affirmations; ils combattent tout cela, Till Lindemann a dit: «J’aimerais que les gens abordent davantage les sujets dont nous parlons, comme les abus sur les enfants, etc. Ma fille a l’âge d’être concernée par ce genre de choses.» Je suis d’accord avec lui; malheureusement, cela ne se comprend pas au premier abord, car les paroles sont si crues, voire même très grasses, que nous avons l’impression qu’ils défendent ces actes. Leur regard haineux renforce cette impression, ainsi que la violence de leurs clips (mentionnée plus haut). Ceux qui écoutent Rammstein sont en général des jeunes de 18 à 30 ans, souvent calmes; ils ont cette haine qui vient gentiment dans leurs yeux quand ils écoutent ce groupe et elle grandit. Les forces obscures s’emparent de cette musique et, quand nous en écoutons une se trouvant sur un fond d’obscurité, si petit soit-il, nous sommes liés sans le vouloir par les chaînes invisibles du mal. Le témoignage suivant en parle aussi d’une certaine façon.

En conclusion, j’aimerais directement te parler à toi, qui es fan de Rammstein; mes frères le sont également tous les deux. La première raison d’aimer Rammstein est d’apprécier la musique sur laquelle nous pouvons nous défouler, car le groupe cartonne dans ce genre… D’autres raisons incluent leur intérêt pour tout, leur imagination, les effets sur scène, la qualité de leurs clips, etc.

Il y a cependant trois bonnes raisons pour lesquelles j’aimerais t’encourager à réfléchir sur le fait de continuer à écouter Rammstein ou non. La première est que ce groupe véhicule sa haine contre tout, et que la haine est le contraire de l’amour. Or si Dieu est amour, et que Rammstein est haine, pouvons-nous servir deux maîtres? La deuxième est que, pour militer contre l’injustice du monde, il faut être cohérent. Or lutter contre la violence par la violence est plus qu’incohérent. Enfin la troisième est simple, ce qui est violent et haineux est lié au mal; celui qui croit en Jésus ne veut plus être lié au mal, n’est-ce pas? Il faut faire un choix; je n’en ferai aucun pour toi, je te laisse le soin de traduire les chansons en français si tu n’es pas convaincu de cette violence. J’espère avoir pu t’éclairer. Que Dieu te montre le chemin à suivre.

Coralie Tschanz

Témoignage

J’ai été fan de Rammstein et je suis resté fan de la musique qui plombe. Un jour mon épouse, de langue allemande, m’a traduit les textes de ce groupe. On y parle de sexualité avec des enfants, des animaux, bref des choses dégueulasses qui, même prises au deuxième degré, ne peuvent être cautionnées. Nous ne pouvons décemment pas, sous prétexte de vouloir dénoncer des abus, nous permettre de chanter de par le monde des choses aussi crues. A vouloir absolument choquer ou sensibiliser par des textes violents, il n’est pas difficile de se laisser prendre dans la même spirale et de devenir à son tour choquant pour les autres. Un texte poétique ne signifie pas forcément un texte empreint de beauté et de légèreté. Avec un poil d’intelligence, nous pouvons faire passer le même message sans être aussi crade.

P.-E.

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