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La rébellion d’Avril… super, mais jusqu’à quel point?

Le petit ami d’Avril veut une chose et ce n’est pas de l’aide pour ses devoirs de chimie. Il la tient par la main et la raccompagne chez elle. Puis il l’embrasse – une simple mise en appétit pour le festin qu’il espère. Il va plus loin. Mais, au lieu de fondre et craquer, la jeune femme, sûre d’elle, lui enfonce un doigt dans la poitrine et le fait reculer. «Ne t’ai-je pas dit que je n’étais pas une fille de ce genre, de celles qui s’abandonnent et donnent tout? Tu croyais vraiment que j’allais céder cette fois?...

Tu essaies de me culpabiliser, mais cela ne va pas me troubler parce que je n’ai rien fait de mal. Toi et moi, je n’y pense plus… je serai mieux toute seule.»

Cette scène est décrite dans le dernier hit d’Avril Lavigne, Don’t Tell Me (Ne me dis pas); elle montre la jeune fille de 19 ans qui refuse d’être manipulée et amenée à des relations sexuelles. Sa courageuse prise de position proclame que le sexe a du sens, que le respect de soi est cool et que les dames ne devraient pas se sentir obligées de céder à la duperie émotionnelle d’un manipulateur. Alors qu’elle fait mousser son rendez-vous trop chaud, Avril explose: «Ne pense pas que ton charme et tes bras autour de mon cou vont te permettre d’entrer dans ma culotte, je t’enverrai un coup de pied au c... et tu ne l’oublieras jamais!»

Cette dualité surprenante du single destiné à la radio saisit parfaitement l’essence de l’artiste qui le chante. Les familles apprécient plus ou moins l’attitude rebelle d’Avril Lavigne, mais elle dépasse souvent les limites, et l’embrasser doit sérieusement ressembler à serrer un porc-épic dans ses bras. Les parents et les adolescents lucides sont face à cette frustration irritante depuis deux ans.

Reine des anti-Britney

Pendant l’été 2002, de nombreux jeunes fans de musique pop en ont eu assez de Britney Spears et de Christine Aguilera, de leurs fringues provocants, de leurs ronronnements de chaton sexy et de leur musique trop bien léchée. Ils voulaient des morceaux honnêtes et des artistes plus réels. L’adolescente canadienne Avril Lavigne s’est retrouvée parmi plusieurs stars féminines de musique pop surnommées les «anti-Britney». Elle était un garçon manqué sans prétention, que les adolescents désœuvrés et les skateboarders ont vite adoptée comme l’une des leurs.

Avec un son au croisement de la pop de Michelle Branch et du rock rageur de Alanis Morissette, Avril Lavigne n’apparaît pas comme une création des médias. Son image sincère et polémique est moins faite d’éclat et de chair que de blessures des rues et d’inquiétude millénaire. Oubliés les costumes somptueux qui révèlent plus qu’ils ne cachent. Elle préfère de longs pantalons noirs, des tee-shirts et des cravates. Cette individualité effrontée a payé. Le premier disque d’Avril Lavigne, Let Go s’est vendu à plus de quatorze millions d’exemplaires dans le monde entier. Celui qui a suivi, plus mélancolique, Under my Skin, s’est récemment retrouvé à la première place des hit-parades aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays.

«Avril Lavigne a conquis les hit-parades en refusant de se salir, déclare le critique musical Kelefa Sanneh. Pas de vêtements minimalistes, pas de danses suggestives, pas d’aventures dans les journaux à sensation, pas de collaboration avec le hip-hop, pas de paroles provocantes. Elle est à la fois plus insolente et plus simple que les autres chanteuses; son message «ose dire non» a intrigué des millions de jeunes tout en rassurant leurs parents.»

Il a partiellement raison. Elle ne se met pas en scène et il y a eu peu de problèmes avec sa musique. Mais s’il est probable qu’elle ne se retrouvera jamais en couverture du National Enquirer, des exploits téméraires et imprudents ont trouvé leur place dans les journaux; montrer ses fesses sur une grande roue, faire du tapage dans un night-club, agresser une personne qui l’avait harcelée verbalement… L’année dernière, Rolling Stone a publié un article qui commençait en décrivant comment l’adolescente avait descendu pots de bière, verres de vin et coups de tequila dans un bar à karaoké japonais. Le journal Plugged In qui recherchait des photos d’Avril pour illustrer le présent article en a trouvé quarante-sept la montrant le majeur pointé contre la caméra.

Elevée dans un foyer chrétien

Avril Lavigne, deuxième des trois enfants d’une famille chrétienne conservatrice, pense que son éducation chrétienne lui a donné une orientation morale. Sa mère, femme au foyer, était très protectrice et ne laissait pas la petite Avril chanter le hit country de Deana Carter Strawberry Wine (Vin de fraise), parce qu’il y est fait mention d’un breuvage alcoolisé. L’artiste a déclaré à Rolling Stone: «Ce n’est pas la seule raison pour laquelle je ne danse pas comme une prostituée sur scène, mais le fait que j’ai été élevée avec des tonnes de morale joue quand même un rôle important. Je ne dis pas que je n’écrirai jamais de chanson avec un juron, parce qu’il y a vraiment des moments où je me sens tellement bien de dire «fuck». Mais ensuite je pense à maman et au fait que cela lui ferait certainement de la peine. Alors je dis simplement «frig» (faire l’amour).»

Toute modération est appréciable. Les jeunes fans sont totalement scotchés, suspendus à ses lèvres; ils portent les mêmes habits – de ses cravates de marque à ses tee-shirts d’occasion, comme celui que nous voyons dans la vidéo Sk8er Boi (Le skater), qui a provoqué dans une petite école primaire de Caroline du Nord un raz-de-marée de demandes de tee-shirts, même depuis la Suède. Lors d’un concert de la dernière tournée d’Avril Lavigne, MTV.com faisait remarquer: «Chaque fan féminine ressemble davantage à Avril que la précédente.»

Le dernier album d’Avril Lavigne est plus sérieux que le précédent, ce qui amène la chanteuse (qui écrit ses propres chansons) à s’interroger sur la manière dont les préadolescents vont accepter sa nouvelle musique. Elle a déclaré à Newsweek: «Je ne sais pas si une partie de ces chansons sera trop mûre pour eux. Quand je joue ces nouvelles chansons devant les gamins, ils n’ont aucune idée de ce que dia… je peux bien vouloir dire. Maintenant, je suis du genre: «Oh! m…» J’espère que je ne vais pas effrayer les gens.» Ce qui pourrait effrayer les familles et les faire fuir est sa tendance à transformer une conviction respectable, qui ne s’en laisse pas conter, en une attitude rebelle qui dépasse les limites.

«Je suis rebelle, mais ce n’est pas comme si je sniffais de la cocaïne ou que je faisais des saletés.»

Source: Plugged In – Juillet 2004

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